12/112024
Nathanael BERGERIOUX
L’eau potable, indispensable à la vie, est aujourd’hui fortement menacée par les activités humaines. Agriculture, industrie, urbanisation : chaque secteur génère des pollutions qui se retrouvent dans nos sources d’eau douce. Comprendre comment ces activités impactent l’eau est essentiel pour agir efficacement et protéger cette ressource précieuse.
« L’agriculture intensive : pesticides, engrais et infiltration des polluants
L’agriculture intensive repose sur l’utilisation massive de produits chimiques tels que les engrais et les pesticides afin d’optimiser les rendements agricoles. Bien que cette approche ait permis de nourrir une population mondiale en croissance, elle a des conséquences environnementales préoccupantes, en particulier pour la qualité de l’eau.
Les engrais chimiques, notamment ceux riches en nitrates et phosphates, sont utilisés pour fertiliser les sols et stimuler la croissance des cultures. Cependant, ces substances, lorsqu’elles ne sont pas complètement absorbées par les plantes, peuvent s’infiltrer dans le sol et atteindre les nappes phréatiques. Cette contamination par les nitrates représente un danger direct pour la santé humaine, notamment à travers des maladies telles que la méthémoglobinémie, ou « syndrome du bébé bleu ».
Les phosphates, quant à eux, favorisent l’eutrophisation des eaux, ce qui engendre la prolifération excessive d’algues, réduisant ainsi l’oxygène dissous dans l’eau et menaçant la faune aquatique.
En plus des engrais, les pesticides (herbicides, fongicides, insecticides) sont également utilisés en grande quantité dans l’agriculture intensive pour lutter contre les ravageurs et les maladies des cultures. Ces produits chimiques pénètrent souvent dans le sol, où ils peuvent se décomposer lentement et contaminer les eaux souterraines.
Pour plus de renseignements sur les produits chimiques et leur impact sur la santé, nous vous invitons à lire notre article sur les PFAS.
Ils peuvent persister pendant de longues périodes dans l’environnement, posant des risques à long terme pour la biodiversité et la santé humaine. En conséquence, l’agriculture intensive contribue significativement à la dégradation des ressources en eau, rendant parfois l’eau souterraine impropre à la consommation.
Les études sur les concentrations de nitrates et de pesticides dans les eaux souterraines des régions agricoles en France indiquent que ces contaminants dépassent souvent les seuils de sécurité fixés pour la santé publique, mettant en évidence l’ampleur de la pollution. Par exemple, selon les rapports de la Commission Européenne et de l’Agence Européenne pour l’Environnement, certaines régions agricoles françaises, comme la Bretagne, subissent une contamination élevée par les nitrates, souvent au-delà des normes environnementales, ce qui engendre des risques pour la qualité de l’eau potable et l’écosystème.
Les activités industrielles sont une autre source majeure de pollution de l’eau souterraine.
Certaines industries, en particulier celles des secteurs chimiques, miniers, et métallurgiques, produisent des déchets dangereux qui peuvent contaminer les nappes phréatiques si leur gestion est mal contrôlée. Par exemple, les usines chimiques peuvent rejeter des métaux lourds (comme le mercure, le plomb, et l’arsenic), des solvants organiques et des hydrocarbures dans le sol ou dans les eaux de surface, qui finissent par s’infiltrer dans les aquifères.
La pollution industrielle est souvent complexe à traiter, car elle peut se propager sur de vastes zones et contaminer plusieurs couches du sol. De plus, les contaminants industriels peuvent se mélanger avec des produits chimiques agricoles ou d’autres sources de pollution, compliquant la tâche des autorités et des chercheurs pour identifier et traiter ces substances de manière efficace.
L’exemple des sites pollués par des métaux lourds est particulièrement alarmant, car ces substances ne se dégradent pas facilement. Les métaux lourds peuvent se bioaccumuler dans les organismes vivants, créant ainsi un risque pour la santé humaine et la biodiversité. Les campagnes de surveillance, comme celles menées par l’Agence européenne de l’environnement (EEA), documentent l’étendue de cette contamination à travers l’Europe et recommandent des mesures de contrôle stricts pour prévenir de tels incidents.
L’élevage intensif : déjections animales et charges organiques polluantes
L’élevage intensif représente également un risque important pour la qualité des eaux souterraines, notamment en raison des déjections animales et de la gestion des déchets organiques. Les lisiers et fumiers, utilisés comme fertilisants agricoles, contiennent des éléments nutritifs tels que l’azote et le phosphore, qui peuvent s’infiltrer dans le sol et contaminer les nappes phréatiques. Cette pollution par les nitrates et phosphates est similaire à celle observée dans les zones agricoles, mais elle présente une particularité : les antibiotiques et les hormones utilisés dans l’élevage intensif peuvent également se retrouver dans l’environnement. Ces produits chimiques peuvent perturber les écosystèmes souterrains, affectant la faune aquatique et nuisant à la qualité de l’eau.
Les antibiotiques et hormones administrés aux animaux peuvent se retrouver dans les effluents, qui sont ensuite appliqués sur les sols ou se déversent directement dans les rivières et les nappes phréatiques. Ces résidus d’antibiotiques peuvent contribuer au développement de résistances bactériennes, ce qui pose un problème de santé publique. De plus, des études ont montré que les hormones peuvent perturber les systèmes endocriniens des animaux aquatiques, compromettants ainsi l’équilibre des écosystèmes aquatiques. L’élevage intensif a donc un impact direct et indirect sur la qualité de l’eau souterraine et sur la santé des écosystèmes.
Les eaux souterraines jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement en eau potable. L’un de leurs atouts est leur capacité à se purifier naturellement lorsqu’elles s’infiltrent dans le sol.
Ce processus de filtration naturel est rendu possible grâce aux différentes couches de terre, de sable et de roches qui agissent comme un filtre, piégeant une partie des impuretés avant que l’eau n’atteigne les nappes phréatiques. Mais bien que ce mécanisme naturel soit efficace dans une certaine mesure, il a aussi des limites qui ne permettent pas de garantir la pureté de l’eau souterraine.
Le processus de filtration naturel :
Les limites de cette filtration :
Cependant, la filtration naturelle a ses limites. Elle ne peut pas éliminer certains polluants chimiques persistants, comme les pesticides, les métaux lourds, ou les produits pharmaceutiques, qui peuvent traverser les couches de sol et contaminer les nappes phréatiques. De plus, des pollutions excessives dépassent la capacité de filtration naturelle du sol, laissant ainsi certains contaminants atteindre les eaux souterraines.
Afin de soutenir cette filtration naturelle, les différents points de prélèvement d’eau peuvent être équipés d’outil permettant le traitement et la purification de l’eau.
L’un des quatre outils d’Aqualit est le module cartographique, conçu pour offrir une meilleure visualisation des points de captage d’eau ainsi que des zones environnantes dédiées à l’agriculture, à l’industrie, et à l’élevage. Ce module permet d’identifier rapidement les captages potentiellement pollués et de localiser les sources possibles de pollution. Par exemple, si une analyse détecte la présence de glyphosate dans un point de captage à proximité d’une zone agricole, cela peut indiquer une utilisation excessive de ce produit sur le site agricole en question.
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